AUX ÉCRANS DU RÉEL
Festival de films documentaires
18 ème édition
Séance d’ouverture jeudi 23 novembre 2017 à 20h30
Les Cinéastes, 42 place des Comtes du Maine, Le Mans
CHOEURS EN EXIL
2015, 77 min
Réalisation : Nathalie ROSSETTI & Turi FINOCCHIARO
Aram et Virginia, un couple d’Arméniens de la diaspora transmet à une troupe d’acteurs européens une tradition d’art ancestral menacé de disparition. Le couple emmène la compagnie dans un voyage en Anatolie où la civilisation arménienne a été anéantie. Un parcours initiatique où les sons, la musique, les corps et les cris racontent une mémoire et un avenir.
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Vendredi 24 novembre à 20h30
Le Royal, 409 Avenue Félix Géneslay
> POUR UNE GOUTTE D'OR
Réalisation : Damien CRETINON
2017, 24 min
Quand la saison l’exige, sur les contreforts des Chambarans, tourne l’antique roue du moulin Pion-Vignon. Ici, des générations de mouliniers ont répété les gestes qui perpétuent la riche histoire de l’huile de noix.
> PERSONN'ELLES
Réalisation : Valérie-Anne MONIOT
2017, 99 min
Ce documentaire à la première personne, nous présente « le cancer du sein vu par les patientes » : un kaléidoscope de femmes attachantes, battantes, avouant parfois leurs faiblesses, mais tentant de faire face le mieux possible à cette épreuve de la vie en gardant optimisme et joie de vivre.
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Samedi 25 novembre à 14h
Le Royal, 409 Avenue Félix Géneslay
> BOLI BANA
Réalisation : Simon COULIBALY GILLARD
2017, 60 min
Boli Bana est une immersion dans la tradition peuhl au Burkina Fasso. La tradition ethnographique se mêle ici à une approche poétique. À travers les yeux des enfants se dessine l’histoire d’un monde nomade et mystique.
> INTÉGRATION INCH'ALLAH
Réalisation : Pablo MUNOZ GOMEZ
2016, 59 min
Ils viennent d’arriver en Belgique : Syriens, Irakiens, Marocains vont devoir suivre un parcours d’intégration obligatoire en Flandre. Pour obtenir leur certificat, ils vont apprendre les us et coutumes de la Flandre et de la Belgique. Avec humour et tendresse, le film suit ces personnages
tout au long de leur parcours.
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Samedi 25 novembre à 17h
Le Royal, 409 Avenue Félix Géneslay
> GUALAPURO
Réalisation : Yannick CHAUMEIL
2017, 70 min
Luis et Célestine sont des paysans Kichwas dans la région d’Otavalo en Équateur. Ils cultivent principalement le maïs et les haricots et travaillent la terre avec leurs deux vaches. Au pays de Raphaël Correa et de la « révolution citoyenne », les petits paysans peinent à survivre.
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Samedi 25 novembre à 20h30
Le Royal, 409 Avenue Félix Géneslay
> BOBOBOAKO
Réalisation : Marion LONGO
2017, 69 min
Qui sont ces nomades chasseurs-cueilleurs de la brousse tanzanienne qui vivent sans bétail ni agriculture, ni propriétés, sur les terres du grand Rift ?
Un jour, ils rêvent de posséder une moto !!!
> BRICKS
Réalisation : Quentin RAVELLI
2017, 83 min
Des carrières d’argile abandonnées aux crédits immobiliers impayés, les briques espagnoles incarnent le triomphe puis la faillite économique d’un pays.
Usines qui ferment la moitié de l’année, ville-fantôme curieusement habitée, guerre populaire contre les expropriations orchestrées par les banques…
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Dimanche 26 novembre à 14h
Le Royal, 409 Avenue Félix Géneslay
> GUILLAUME DEPARDIEU, ITINÉRAIRE D'UN ENFANT TERRIBLE
Réalisation : Alexandre BITOUN
2017, 51 min
À travers les témoignages de celles et ceux qui l’ont côtoyé, le film propose de découvrir la personnalité complexe de Guillaume Depardieu. C’est aussi l’histoire d’un destin qui se brise trop tôt, celui d’un homme blessé, d’un homme révolté, troublé dès l’enfance et auquel l’âge adulte n’aura apporté aucun apaisement. Un homme enfin, doué d’un talent rare, celui de pouvoir s’exprimer avec virtuosité à la fois en tant qu’acteur et en tant que musicien.
> AVEC MES ABEILLES
Réalisation : Anne BURLOT, Glenn BESNARD
2017, 52 min
Louis-Joseph, Anne-Françoise et Richard sont tombés amoureux des abeilles un peu par hasard. Si ces trois personnages sont tous singuliers, leur relation avec leurs protégées révèle une vision complémentaire du monde qui les entoure. Ce documentaire plein de poésie nous plonge au coeur de la ruche, au plus près des abeilles et des hommes qui ont décidé d’y consacrer une partie de leur vie , processus de réconciliation d’une société traumatisée.
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Jeudi 30 novembre à 20h30
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> BERLIN, SYMPHONIE D'UNE GRANDE VILLE
Réalisation : Walther RUTTMANN
1927, 79 min
De l’aube jusqu’au soir, Walter Ruttmann dessine le portrait de la capitale allemande des années 20 alors en plein essor. Cette symphonie en 5 actes invente le cinéma en tant qu’art visuel grâce aux recherches sur les cadrages, les trucages optiques et le montage, sans oublier la musique en harmonie étroite avec l’image.
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Vendredi 1er décembre à 18h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> OUR CITY
Réalisation : Maria TARANTINO
2015, 83 min
Portrait mosaïque de Bruxelles en perpétuelle reconstruction, collage subjectif qui révèle à l’écran une ville aux multiples facettes à travers ceux qui l’habitent, la traversent et l’investissent de leur imaginaire : un poète iranien chauffeur de taxi, une artiste africaine, des aristocrates russes, des travailleurs turcs, bulgares, portugais sur un chantier, … tous belges. Film mélancolique et gracieux qui promène un regard horizontal par association d’idées ou de structures visuelles et qui, de ces identités d’entre deux mondes et de ces territoires chaotiques, crée un monde profondément émouvant.
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Vendredi 1er décembre à 21h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> EN CONSTRUCCION
Réalisation : José Luis GUERIN
2001, 125 min
Tourné sur 18 mois au cours de la construction d’un immeuble moderne, au coeur du Barrio Chino de Barcelone, En construcción raconte la mutation sociale et la disparition d’un quartier, d’une culture. Cette chronique tournée presque exclusivement en plans fixes d’une grande rigueur esthétique, met en scène les travailleurs du chantier et les derniers habitants du quartier.
Le regard posé sur les uns et les autres est toujours attentif, parfois amusé et porte une réflexion sur le temps qui passe, la nonpermanence des lieux et des êtres.
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Samedi 2 décembre à 14h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> A PRAGA-LA PLAIE
Réalisation : Hélène ROBERT, Jeremy PERRIN
2013, 74 min
Des goélands dans la ville de Porto. Des pêcheurs les nourrissent, des scientifiques les observent, les habitants... Des rumeurs s’installent, les récits se succèdent, enflent au point de ne plus distinguer le vrai du faux et se répondent avec poésie, dévoilant peurs et fantasmes au travers de légendes animales. Il est question ici d’une lutte acharnée pour le territoire.
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Samedi 2 décembre à 16h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> TOKYO BLUE
Réalisation : Sylvain GARASSUS
2014, 72 min
Depuis des années près de cinquante SDF vivent au bord de la rivière Arakawa au Nord de Tokyo, dans de petites maisons de toile bleue qu’ils se sont construites. Sylvain Garassus s’est installé au milieu d’eux et filme le quotidien de Takeda San et de ses compagnons menacés d’expulsion de Kasenjiki [L’endroit au bord de la rivière]. Une histoire de misère et de dignité dévoilant une réalité peu connue au Japon.
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Samedi 2 décembre à 18h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> OFF TIME AND THE CITY
Réalisation : Terence DAVIES
2008, 72 min
En partie en noir et blanc, ce film dessine l’histoire de trois décennies cruciales pour l’Angleterre.
S’appuyant sur un montage d’archives et de prises de vues actuelles, Terence Davies égrène les souvenirs du Liverpool des années 40-50 qui l’a vu grandir, rythmés par des chants et soutenus par des choix musicaux bouleversants. Pour qui se laisse emporter, Of Time and the City est une absolue merveille, à l’image de cette consolation de Liszt qui ferme le film et nous émeut aux larmes. Et il y a le texte magnifique de Davies, invitation faite aux profanes à se réapproprier le sacré, si longtemps confisqué par la seule religion. Un texte tour à tour acerbe, drôle, désenchanté, poignant, lyrique, iconoclaste, irrévérencieux.
Ce film-poème est l’une des oeuvres les plus étonnantes que le cinéma anglais nous ait offertes ces vingt dernières années.
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Samedi 2 décembre à 20h45
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> À PROPOS DE NICE
Réalisation : Jean VIGO, Boris KAUFMAN
1930, 28 min, film muet
Film muet sur le Nice d’entre les deux guerres : celui des classes populaires de la vieille ville et celui des nantis de la promenade des Anglais. Des images cocasses donnent à voir un monde dérisoire qui va sombrer. Un film politique et poétique, vibrant et audacieux où Vigo assume son « point de vue documenté ».
> SOUS UN CIEL LUMINEUX DE SON PAYS NATAL
Réalisation : Franssou PRENANT
2002, 48 min
Tourné en 1995, avant que le centre de Beyrouth ne soit rasé et reconstruit, ce film montre les trous, les béances flottantes, les décombres des splendeurs en lambeaux. Pourtant la vie continue, les enfants plongent, la mer rassure et nettoie. Trois voix de femmes se relaient pour parler de leur ville, du ciel lumineux de leurs souvenirs, de leurs rêves. Leurs paroles montent à l’assaut du temps et de l’histoire et disent leur attachement intemporel à leur pays natal.
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Dimanche 3 décembre à 10h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> SIMHA
Réalisation : Jérôme BLUMBERG
2015, 78 min
Simha raconte la vie de l’ethnomusicologue Simha Arom qui a fui l’Allemagne nazie et rejoint la Palestine où il apprend la musique. En 1963 il part en Centrafrique où il découvre la musique des Pygmées. Il passera le reste de sa vie à étudier et analyser la musique traditionnelle de plusieurs régions du monde, influençant également de grands compositeurs contemporains comme György Ligeti.
Jérôme Blumberg filme Simha dans son travail depuis 1990.
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Dimanche 3 décembre à 14h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> BASKA BIR DAG. Une autre montagne
Réalisation : Anouck MANGEAT, Noémi AUBRY
2017, 82 min
Sur les terres d’Anatolie, un dicton dit « Si l’un de tes yeux pleure, l’autre ne peut rire ». Si à l’est de la Turquie en guerre, les femmes kurdes combattantes grimpent dans les montagnes, à l’ouest, Burcu, Sinem et Ergül luttent avec d’autres armes. Kurdes, mères, féministes, elles se racontent d’Istanbul aux rives de la Mer noire, d’aujourd’hui aux années de dictature militaire des années 80 contre le nationalisme, la guerre, le patriarcat. C’est Une autre montagne qu’elles gravissent chaque jour.
> KOROPA
Réalisation : Laura HENNO
2016, 19 min
Dans la nuit noire, au large de l’ archipel des Comores, un enfant poursuit silencieusement l’apprentissage de son père « adoptif » pour devenir « com mandant ».
D’ici peu, il emmènera ses premiers « voyageurs ».
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Dimanche 3 décembre à 16h
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
> MIDNIGT RAMBLERS
Réalisation : Jullian BALLESTER
2017, 57 min
Nuit après nuit, Kye, Tobie, Paul et Tattoo errent dans le labyrinthe des avenues et des ruelles de Montréal. Ils se soutiennent les uns les autres et la drogue les accompagne tous. Kye, la plus jeune, rêve parfois d’un ailleurs...
> THE SEA IS HISTORY
Réalisation : Louis HENDERSON
2016, 27 min
Tourné en République dominicaine et en Haïti, The sea is history épouse le rythme du texte éponyme du poète caribéen Derek Walcott. Si tout commence à l’endroit où Christophe Colomb posa le pied en 1492, ce n’est pas pour célébrer la fameuse « découverte » de l’Amérique, mais pour errerdans les déserts de la modernité capitaliste et faire entendre le chant des morts de la traversée océanique.
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Dimanche 3 décembre à 18h30
Ciné-Poche, 97 Grande-Rue (Cité Plantagenêt)
MÉMOIRE D'UN CONDAMNÉ
Réalisation : Sylvestre MEINZER
2016, 85 min
Jules Durand, docker-charbonnier et syndicaliste, est condamné à mort en 1910 pour un crime qu’il n’a pas commis. « Le Dreyfus des ouvriers » sera innocenté en 1918 par la Cour de Cassation, mais il finira ses jours en asile psychiatrique.
De cette affaire, il n’est resté aucune trace. Dans le Havre d’aujourd’hui, S. Meinzer rencontre les hommes et les femmes qu’il aurait pu côtoyer : syndicalistes, dockers, juge, avocat, psychiatre, voisins, famille... Chacun se souvient de cette histoire et interroge sa propre mémoire, les luttes ouvrières et la justice de classe dont il est le symbole.
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REGARDS SUR LA VILLE 2017 / LES AUTEURS
Nathalie ROSSETTI a travaillé comme scénariste et assistante à la réalisation en Italie et Belgique. À partir de 2000, avec son mari Turi Finocchiaro, ils réalisent et produisent leurs propres documentaires de création.(…)
Elle s’intéresse surtout aux sujets liés à l’art, l’anthropologie et la justice.
Turi FINOCCHIARO régisseur, directeur de production à Rome pendant 20 ans. En 1998 il commence à produire ses premiers documentaires. En 2004 il retourne en Belgique et collabore avec Nathalie Rossetti. Choeurs en exil est leur sixième documentaire. En 2007 ils créent en Italie le Faito Doc Festival, un Festival International du documentaire.
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Walther RUTTMANN (1887-1941) réalise dans les années 20 quelques films abstraits mais c’est avec Berlin, symphonie d’une grande ville qu’il se fait une place dans l’histoire du cinéma allemand. Quelques années plus tard, il adhère à l’idéologie du IIIe Reich et devient l’auteur de films de propagande pour Goebbels.
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Maria TARANTINO née à Milan en 1972, s’oriente vers le cinéma en 2009. Son premier film Inside Out analyse les relations de pouvoir à l’intérieur d’une prison italienne, puis Kubita, la torture dans les prisons du Burundi. Elle monte
la maison de production Wildundomesticated et se consacre pendant cinq ans à la longue aventure de Our City.
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José Luis GUERIN né à Barcelone en 1960, réalisateur, scénariste et monteur. Après avoir réalisé En
construcción prix Goya du meilleur documentaire en 2001, il passe à la réalisation de longs-métrages de fiction.
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Hélène ROBERT diplômée des Beaux-arts de Caen et de Marseille, travaille comme photographe. Elle réalise un reportage sur le personnel pénitentiaire après une longue immersion dans la prison de Château-Thierry puis son premier court-métrage documentaire avec Elisabeth Pawlowski, Tout n’est pas le contraire de rien.
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Jeremy PERRIN : Institut d’Etudes Politiques de Grenoble, Conservatoire de musique de Lyon. Il a produit une série de reportages radiophoniques pour le festival Jazz à Vienne. La rencontre avec Hélène Robert lors d’un atelier d’écriture au Portugal fait naître l’idée d’un documentaire autour des légendes animales et urbaines.
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Sylvain GARASSUS, chef opérateur et réalisateur a surtout travaillé dans le domaine du documentaire animalier. Vit entre la France et le Japon depuis 10 ans. Il a réalisé : Grandeurs Nature (2016), Un matin sur terre (2015) et Apron, l’incroyable aventure d’un poisson sentinelle (2014).
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Terence DAVIES né en 1945, il, a passé son enfance dans le milieu populaire de Liverpool. Il réalise entre
1976 et 1983 trois courts-métrages qui deviendront The Terence Davies Trilogy, suivis de Distant Voices, Still Lives et The Long Day Closes. Of time and the city en 2008, marque le grand retour du cinéaste à cette veine biographique.
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Jean VIGO avec 4 films seulement influencera nombre de cinéastes dont Renoir, Buñuel et Truffaut. Fils d’un anarchiste assassiné dans des conditions obscures, il sera un cinéaste maudit : Zéro de conduite (1933) censuré, L’Atalante (1934) mutilée. Il meurt très jeune et reste porteur d’un cinéma social subversif entre la poésie et la révolte. Boris KAUFMAN, directeur de la photographie (qui serait le frère cadet de Dziga Vertov) émigré en France en 1927, fait la connaissance de Vigo à Nice et collabore avec lui sur 3 de ses 4 films.
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Franssou PRENANT fait ses études de cinéma à l’IDHEC. Elle a travaillé comme scripte avec Robert Bresson, comme monteuse avec Romain Goupil et Raymond Depardon, comme actrice avec Marco Ferreri et avec Raymond Depardon dans Empty Quarter.
Elle tourne des documentaires depuis 1975.
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16ème édition Concours 1er Doc Palmarès 2017
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Discours de remise des prix du Jury professionnel :
Le documentaire est un film, cela semble une évidence, et pourtant se joue dans ce postulat un
enjeu très fort et complexe.
Le réel n’est pas une matière unique, entière, simple dont il suffirait pour le capter de poser une
caméra et de déclencher son mécanisme d’enregistrement.
Mais où faudrait-il la poser d’abord et d’ailleurs faut-il la poser ou bien suivre, caméra au poing le
fil tortueux de l’action, de la vie.
Ces questions que l’on se pose à fortiori pour un premier film mais que l’on se pose tout au long
de notre vie de cinéaste, deviennent de plus en plus difficiles au fur et à mesure qu’avance le
processus de réalisation.
Oui, il faut se le « coltiner » le réel, l’ingurgiter, le faire macérer lentement dans les méandres de la
pensée, dans le filtre de nos émotions et de nos pérégrinations intellectuelles, pour mieux s’en
libérer et en proposer une interprétation.
Parce qu’après tout, si l’on admet que notre regard est un filtre, on admet aussi que le film est le
fruit de cette interprétation.
Ici aussi, nous pourrions nous arrêter là et dire « voilà ce que je vois, voilà comment ça m’émeut,
voilà comment j’ai envie de le raconter », oui et c’est déjà le bon chemin, mais c’est oublier qu’il
faut du temps, le regard transforme l’objet filmé qui à son tour modifie le regard, s’impose alors,
subtilement, sans que ce soit perceptible, un travail « collaboratif », un travail avec le réel.
Et là revient la matière, une matière qui devient objet cinématographique.
Et oui, nous parlons de cinéma, nous parlons de salle obscure et d’écran qui s’allume sur une
proposition cinématographique.
Tous les coups sont permis, l’immersion, le suivi essoufflé dans la brousse, le face à face avec
des mots crus, l’émotion d’une larme effacée furtivement, la voix qui commente ou qui met à
distance, les longs plans fixes sur des paysages intemporels, peu importe. Ce qui importe en
revanche, c’est le point de vue, une intention si forte et si assumée que l’objet devient cinéma.
Les écrans du réel avec le concours premier doc, nous ont fait la proposition d’une
programmation ô combien hétéroclite, traduisant le chemin parcouru par chacun, qu’ils viennent
d’école de cinéma, qu’ils viennent du terrain, que les films aient démarré à partir d’une émotion
ou d’un constat, chacun a eu un désir de film, si fort qu’il a eu le courage de le réaliser. Pour cela,
nous vous en remercions toutes et tous.
A l’unanimité, pour une expérience cinématographique de l’ordre de la sensation, de la poésie,
pour un regard d’une grande humanité, pour un travail du son et de l’image au service de la
rencontre avec l’autre, nous avons choisi de décerner le prix du jury au film BOLI BANA de Simon
Coulibaly Gillard.
Le jury professionnel :
Présidente Catherine CATELLA , réalisatrice
Assistée de Élisabeth LEUVREY, réalisatrice
Émile TRIMOREAU, producteur, pour l'OPCAL (Organisation de professionnels du cinéma et de l'audiovisuel ligériens)
Amélie BOISGARD, programmatrice cinéma Le Dietrich à Poitiers, pour l'ACOR (Association des Cinémas de l'Ouest pour la Recherche)
Aurélien LEGENDRE pour LMtv Le Mans Télévision
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Discours de remise des prix du Jury lycéen :
On a beaucoup hésité pour savoir quel documentaire on allait choisir, et finalement nous avons décidé de remettre le prix du jury lycéen au film Boli Bana de Simon COULIBALY GILLARD, pour son travail sur l'esthétique visuelle et sonore particulièrement abouti, pour sa façon de présenter de manière pudique des images pouvant paraître violentes, mais également pour son originalité, particulièrement sur la forme de documentaire.
Le jury lycéen :
Yvan BUTTAUD-GALLOT-LAVALLÉE
Bérangère DUBOIS
Emma FATOUT
Nassria MOHAMED
Prescillia MOISY
Atika OUKACHE
Léa SÉVÈRE
élèves de première et terminale des lycées Bellevue, Montesquieu, Touchard-Washington et Yourcenar du Mans.