16ème édition Concours 1er Doc Palmarès 2017
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Discours de remise des prix du Jury professionnel :
Le documentaire est un film, cela semble une évidence, et pourtant se joue dans ce postulat un
enjeu très fort et complexe.
Le réel n’est pas une matière unique, entière, simple dont il suffirait pour le capter de poser une
caméra et de déclencher son mécanisme d’enregistrement.
Mais où faudrait-il la poser d’abord et d’ailleurs faut-il la poser ou bien suivre, caméra au poing le
fil tortueux de l’action, de la vie.
Ces questions que l’on se pose à fortiori pour un premier film mais que l’on se pose tout au long
de notre vie de cinéaste, deviennent de plus en plus difficiles au fur et à mesure qu’avance le
processus de réalisation.
Oui, il faut se le « coltiner » le réel, l’ingurgiter, le faire macérer lentement dans les méandres de la
pensée, dans le filtre de nos émotions et de nos pérégrinations intellectuelles, pour mieux s’en
libérer et en proposer une interprétation.
Parce qu’après tout, si l’on admet que notre regard est un filtre, on admet aussi que le film est le
fruit de cette interprétation.
Ici aussi, nous pourrions nous arrêter là et dire « voilà ce que je vois, voilà comment ça m’émeut,
voilà comment j’ai envie de le raconter », oui et c’est déjà le bon chemin, mais c’est oublier qu’il
faut du temps, le regard transforme l’objet filmé qui à son tour modifie le regard, s’impose alors,
subtilement, sans que ce soit perceptible, un travail « collaboratif », un travail avec le réel.
Et là revient la matière, une matière qui devient objet cinématographique.
Et oui, nous parlons de cinéma, nous parlons de salle obscure et d’écran qui s’allume sur une
proposition cinématographique.
Tous les coups sont permis, l’immersion, le suivi essoufflé dans la brousse, le face à face avec
des mots crus, l’émotion d’une larme effacée furtivement, la voix qui commente ou qui met à
distance, les longs plans fixes sur des paysages intemporels, peu importe. Ce qui importe en
revanche, c’est le point de vue, une intention si forte et si assumée que l’objet devient cinéma.
Les écrans du réel avec le concours premier doc, nous ont fait la proposition d’une
programmation ô combien hétéroclite, traduisant le chemin parcouru par chacun, qu’ils viennent
d’école de cinéma, qu’ils viennent du terrain, que les films aient démarré à partir d’une émotion
ou d’un constat, chacun a eu un désir de film, si fort qu’il a eu le courage de le réaliser. Pour cela,
nous vous en remercions toutes et tous.
A l’unanimité, pour une expérience cinématographique de l’ordre de la sensation, de la poésie,
pour un regard d’une grande humanité, pour un travail du son et de l’image au service de la
rencontre avec l’autre, nous avons choisi de décerner le prix du jury au film BOLI BANA de Simon
Coulibaly Gillard.
Le jury professionnel :
Présidente Catherine CATELLA , réalisatrice
Assistée de Élisabeth LEUVREY, réalisatrice
Émile TRIMOREAU, producteur, pour l'OPCAL (Organisation de professionnels du cinéma et de l'audiovisuel ligériens)
Amélie BOISGARD, programmatrice cinéma Le Dietrich à Poitiers, pour l'ACOR (Association des Cinémas de l'Ouest pour la Recherche)
Aurélien LEGENDRE pour LMtv Le Mans Télévision
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Discours de remise des prix du Jury lycéen :
On a beaucoup hésité pour savoir quel documentaire on allait choisir, et finalement nous avons décidé de remettre le prix du jury lycéen au film Boli Bana de Simon COULIBALY GILLARD, pour son travail sur l'esthétique visuelle et sonore particulièrement abouti, pour sa façon de présenter de manière pudique des images pouvant paraître violentes, mais également pour son originalité, particulièrement sur la forme de documentaire.
Le jury lycéen :
Yvan BUTTAUD-GALLOT-LAVALLÉE
Bérangère DUBOIS
Emma FATOUT
Nassria MOHAMED
Prescillia MOISY
Atika OUKACHE
Léa SÉVÈRE
élèves de première et terminale des lycées Bellevue, Montesquieu, Touchard-Washington et Yourcenar du Mans.